EDITORIAL
La période de confinement que nous vivons a contraint toutes les structures de spectacle vivant à annuler leur programmation jusqu’au 15 juillet si l’on s’en tient à ce qu’a annoncé notre Président le 13 avril.
Par ailleurs, toutes les structures de diffusion de la culture telles les musées, les médiathèques sont aussi à l’arrêt. L’ensemble des professionnels qui œuvrent pour faire vivre et développer la culture en France sont très inquiets car ils ont le sentiment, à juste titre, d’être considéré comme la 5ème roue du carrosse.
Nous savons que, compte tenu des choix de restriction budgétaire, ces derniers temps, ce secteur d’activité était déjà sinistré.
Il est important de rappeler que, plus que jamais, la culture est indispensable pour favoriser le bien-vivre ensemble. À la sortie du confinement, nous aurons, par exemple, besoin d’événements festifs pour recréer du collectif, pour faire société, pour réinventer l’avenir.
Nous aurons besoin de toutes nos petites compagnies, nos artistes et créateurs, nos boutiques de proximité, librairies, ateliers d’art, résidences d’artistes qui ne font pas du prêt à porter pour la grande distribution mais du sur-mesure. La culture prend sens quand elle est en prise avec un territoire, avec la vie de ses habitantes et de ses habitants. Il nous faudra être à leur côté pour qu’ils ne disparaissent pas.
Concarneau Solidaire et Durable est convaincu qu’une ville de la dimension de Concarneau doit se doter de structures susceptibles de faire vivre ce secteur d’activité dans des conditions satisfaisantes et qui permettent de construire une vraie politique culturelle pour les concarnoises et les concarnois.
Certains équipements sont très dégradés tels le CAC, l’école de musique. Nous n’avons pas de résidences d’artistes, peu de festivals hors la période estivale.
Il nous faudra mettre en place des instances de concertation avec tous les acteurs du secteur afin de définir ensemble les objectifs et les moyens à mettre en œuvre et de les prioriser.
Élisabeth JANVIER
Tête de liste « Concarneau Solidaire et Durable »
La culture, un enjeu essentiel
Antoine Vitez, metteur en scène de grand talent, héritier de Jean Vilar, aimait à dire qu’il se battait pour un théâtre élitaire pour tous. Cette exigence peut et doit être élargie à l’ensemble du champ culturel. À l’heure où, tous, nous avons besoin de liens, de quête de sens, une politique culturelle ambitieuse devient plus que jamais une nécessité.
Mais qu’est-ce qu’une politique culturelle ? Aujourd’hui, et c’est heureux, beaucoup a déjà été fait pour encourager l’action culturelle : sur le territoire de Concarneau Cornouaille Agglomération, nous bénéficions de deux musées de haute tenue, d’une programmation de spectacles de qualité, de festivals littéraires et musicaux importants, d’une amorce d’aide aux acteurs associatifs…
Pour autant, il reste à créer le lien entre ces soutiens parfaitement louables et l’inclusion dans le champ culturel de toutes les pratiques populaires : que ce soit dans le domaine associatif, à l’initiative d’habitants d’un même quartier, nombre de propositions voient le jour et méritent d’être accompagnées. L’enjeu est d’enclencher une dynamique culturelle commune où il ne suffit plus de faire pour les citoyens mais bien avec eux. Cela suppose d’intégrer toutes les approches, de considérer d’un même œil toutes les formes de pratiques, tout ce qui fait bien commun, qui nous permet de nous rassembler, de nous enrichir. Les habitants d’un même quartier qui se réunissent pour soutenir des initiatives de théâtre à la maison, le bagad ou le cercle celtique, les jeunes qui se mobilisent pour la tenue chaque année du festival de hip-hop sont tout aussi légitimes que l’accueil d’une exposition prestigieuse au musée de Pont-Aven. De même les actions en faveur de la lecture pour tous se doivent d’être soutenues au même titre que le développement d’une école de musique dans des locaux dignes de ce nom
Parier sur une politique culturelle ambitieuse, c’est aussi faire le choix de ce qui nous fait tenir ensemble, avec nos différences et nos convergences.
Parier sur la culture, c’est redonner du sens à l’action municipale. C’est impulser une nouvelle dynamique qui profitera à tous les acteurs de la cité, bien au-delà du seul champ culturel. Attractivité renforcée, mieux-vivre au quotidien, ouverture d’esprit, les bénéfices sont nombreux…
Billet
« Sinon ça va le confinement ?
Vous savez ce qui à mes yeux est le plus stupéfiant dans tout cela ?
C’est le sentiment de voir que tout ce que l’on a dénoncé, débattu, contesté depuis toujours, tous les travers de la société que l’on a moqués au cœur de nos spectacles, combattus jusque dans nos modes de vie, apparaissent soudain au grand jour.
Pourquoi nos usines nationales de produits de première nécessité sont-elles délocalisées, qui a donc pu sacrifier les services publics sur l’hôtel de la rentabilité, comment se fait-il que la biosphère se porte mieux depuis que la décroissance mondiale s’impose ?
Dites donc, en voilà des sujets nouveaux !
Il aura fallu la douche froide de dizaines de milliers de nos anciens qui meurent, ou plutôt qui crèvent, dans des tentes de l’armée sans médicament pour les soigner, pour que nos élites dirigeantes, instigatrices en chef de la catastrophe, jouent à présent les pompiers, en nous enseignant avec arrogance qu’ils sont les plus sérieux pour changer les choses…
Soyons sérieux, changeons de monde, mais pitié.
Pas avec ceux qui l’ont bâti.
D’ailleurs une chose est sûre plus que jamais, les plus sérieux, c’étaient bien les rêveurs, comme on a toujours appelé ceux qui appelaient à la fin de ce modèle.
Alors, soyons rêveurs !
Chevauchons notre colère et galopons, galopons vers le pays des rêves mes amis, bien sûr que nous avons toujours eu raison de broder nos utopies au tissu de nos drapeaux !
Que le monde s’effondre, cette chute, ce déséquilibre, j’avoue par dépit militant en goûter l’ivresse, je l’encourage, car il nous éloignera d’autant de ce que nous fuyons.
La marche est bien le fruit du déséquilibre.
Chutons.
Lançons le pied gauche.
Et visons bien.
Le pas à venir ouvrira le chemin ».
En savoir plus sur la compagnie: [ Qualité Street ]
Légende photo : Chtou, alias Gildas Puget
* Extrait du carnet de route de la compagnie arts de la rue « Qualité Street » qui est intervenue à plusieurs reprises sur le territoire de Concarneau. Un texte rédigé en mars 2020 par Chtou, alias Gildas Puget, capitaine de l’espace artistique.