Les récentes discussions sur le Projet d’aménagement et de développement durable, document cadre du futur PLU, ont, semble-t-il, laissé apparaître une évolution dans la politique urbanistique de la municipalité : l’étalement urbain sera ralenti, en contrepartie il faudra continuer à densifier la ville.
Si cette inflexion politique peut étonner de la part de Marc Bigot, ancien adjoint à l’urbanisme, il constitue néanmoins un choix politique raisonnable que nous appelons de nos vœux depuis la campagne électorale de l’an dernier. Et pourtant, le projet en cours rue de Courcy ne peut que susciter des inquiétudes quant à la manière dont l’équipe en place entend mener cette nouvelle politique d’urbanisation. Ce projet, comme d’autres, déroge à plusieurs principes qui nous paraissent essentiels.
- La densification de la ville doit être équilibrée : densifier ne signifie pas éliminer tous les îlots de verdure. Préserver les espaces végétalisés s’avère nécessaire pour préserver la biodiversité en ville et lutter contre les îlots de chaleur en milieu urbain. C’est une question de santé publique et d’adaptation au réchauffement climatique en cours. Le projet en cours rue de Courcy prend le contre-pied de cette exigence : les espaces végétalisés y sont réduits à peau de chagrin et marginalisés pour répondre au besoin de rentabilité du promoteur. Il existe pourtant des solutions architecturales permettant d’investir les « dents creuses » tout en donnant une place centrale à la végétation.
- les projets visant à densifier la ville doivent faire l’objet d’une concertation intense pour préserver le cadre de vie des habitants. L’aménagement immobilier de la rue de Courcy prévoit de construire deux immeubles de trois étages (12,50 mètres), ce qui risque d’altérer l’ensoleillement des habitations de l’impasse de Kerbiriou qui sont là depuis de nombreuses années. Les riverains se plaignent d’une absence d’écoute de la part de la municipalité. Là encore, il semblerait que les besoins spéculatifs aient pris le pas sur les besoins des résidents. Nous demandons à Thierry Le Corre nouvel adjoint au « cadre de vie » de s’engager dans des méthodes de co-construction pour rompre avec une politique qui méprise l’avis des riverains.
- l’aménagement urbain doit respecter l’unité architecturale de notre ville. Il y a un habitat typique au centre-ville, à Lanriec, à Beuzec et au Passage. Or, qui observe les nouvelles constructions élevées qui se développent en centre-ville ne peut que remarquer la faiblesse de l’attention portée à l’insertion paysagère. Prenons l’exemple de l’ancien gymnase de l’Hermine en ville. Certes, ces immeubles de trois ou quatre étages permettent de maximiser la rentabilité des constructions. Mais cela défigure notre patrimoine architectural. Le café du pavillon, rue de Courcy, dont la façade présente un intérêt historique et patrimonial, sera tout simplement détruit.
- L’inflation immobilière en cours exige que les pouvoirs publics prennent des dispositions pour veiller à ce que l’accès au logement soit possible pour toutes les classes sociales. Cette question devient un enjeu politique majeur. Compte tenu des prix, nombre de concarnois quittent la ville alors que le nombre de résidences secondaires ne cesse d’augmenter. Or, la municipalité ne prend pas les mesures nécessaires pour contenir la gentrification de la ville et refuse, par exemple et à l’exception du quartier Foch, de s’engager sur une part élevée de logements sociaux dans les nouvelles constructions. Sur 28 appartements, aucun logement social n’est prévu rue de Courcy et il est à craindre que nombre des T2 mis à la vente soient dédiés à du locatif saisonnier de courte durée ou à des résidences secondaires.
- la municipalité doit veiller à ne pas dilapider le patrimoine foncier communal. Certes, les ventes foncières ont permis à la commune d’assainir rapidement ses finances. Mais à quel prix ? Le foncier vendu affaiblit la collectivité financièrement et politiquement. La commune pourrait se constituer en bailleur public. Une telle démarche lui permettrait de mener une politique d’habitat qui réponde au besoin de la population locale, elle permettrait par exemple de lutter contre les effets d’éviction et de répondre au besoins locatif des saisonniers. Pour ce faire, il faut accepter d’investir, de référencer les logements vacants et de mobiliser le droit de préemption.
Concarneau Solidaire et Durable alerte une nouvelle fois la municipalité sur la nécessité d’intégrer l’urgence climatique à sa politique d’urbanisme tout en veillant à répondre aux besoins en logement de tous les concarnois